1828 - Dictionnaire historique, ou Biographie universelle classique – Volume 10

1828 Beauvais dictionnaireOuvrage entièrement neuf
Par M. le Général Charles Theodore Beauvais de Preau
et par une Société des gens dee lettres
Revu et augmenté, pour la partie bibliographique
par M. Barbier
et
Par M. Louis Barbier fils aîné.
Un seul volume in-8°
Charles Gosselin,
Libraire de son Altesse royale Monseigneur le duc de Bordeaux
9, rue Saint-Germain-des-Prés, près la porte des chevaux
M DVVV XXVII

Louis-Claude de Saint-Martin, p.2698-2699

SAINT-MARTIN (Louis-Claude de), dit le Philosophe inconnu, né à Amboise en 1713, d'une famille honorable, puisa de bonne heure dans la lecture du liv, int, l'Art de se connaître soi-même, par le théolog. protest. J. Abbadie, les principes de philosophie, de morale et de religion qu'il professa toute sa vie. Destiné par ses parent à la magistrature, il étudia le droit ; mais ensuite préférant la profession des armes, qui lui laissait plus de loisirs pour s'occuper de méditation, il entra comme lieutenant dans le régim. de Foix, à l’âge de 22 ans. C'est alors qu'il fut initié par des formules, des rites et des pratiques à la secte dite des martinistes, du nom de Martinez Pasqualis qui en était le chef. Il n'adopta point entièrement les doctrines de cette secte ; mais ce fut par là qu'il entra dans la voie du spiritualisme. Plus tard il exposa cette même doctrine dans ses ouv., et notamment dans son Tableau naturel des rapports entre Dieu, l'homme etc. Dans les associations de diverses nuances qui succédèrent à l’école de Martinez, après la m. de celui-ci, Saint-Martin suivait les réunions où l'on s'occupait d'exercices qui annonçaient, suivant son expression, des vertus actives. Il regardait comme étant d'un ordre sensible inférieur celles où l'on s'occupait du magnétisme somnambulique, auquel il croyait toutefois. Il eut l'occasion de se lier avec l'astronome Lalande ; mais la différence des opinions rompit bientôt cette liaison. Il eut aussi des rapports avec J.-J. Rousseau, dont il regardait la misanthropie comme un excès de sensibilité. Pour lui, il aimait les hommes comme meilleurs au fond qu'ils ne paraissaient être. La musique instrumentale, des promenades champêtres, des conversations amicales, étaient les délassements de son esprit, et des actes de bienfaisance, ceux de son âme. Il voyagea, comme Pythagore, pour étudier l'homme et la nature, et pour confronter le témoignage des autres avec le sien. De retour en France, après avoir visité l'Allemagne et l'Angleterre, il reçut la croix de St-Louis pour ses anciens services militaires. Il n'émigra point à l’époque de la révolution, dans laquelle il reconnaissait les desseins terribles de la Providence, comme il crut voir plus tard un grand instrument temporel dans Buonaparte. Expulsé d'abord de Paris, comme noble, en 1794, il fut arrêté peu de temps après dans la retraite qu'il s'était choisie, comme faisant partie de la prétendue conjurat. de la Mère de Dieu, Catherine Théos (v. ce nom). Le 9 thermidor le rendit à la liberté ; et vers la fin de la même année (1794) il fut désigné par le district ou arrondissement d'Amboise, sa patrie, comme un des élèves de l'école normale, destinée à former des instituteurs pour propager l'instruction. De retour à Paris, il y publia successivement une partie des écrits que nous indiquerons ci-après, faisant de temps à autre de petites excursions en province pour visiter quelq. amis. Il m. en 1803, au village d'Aunay (près Paris), où il était allé voir le sénateur Lenoir de La Roche, avec lequel il était lié depuis longtemps. Saint-Martin a beaucoup écrit, et ses livres ont été commentés et trad. en partie, principalement dans les langues du nord de l'Europe. Le but de ces mêmes livres est non seulem. d'expliquer la nature par l'homme, mais de ramener toutes nos connaissances au principe, dont l'esprit humain peut être le centre. L'auteur s'efforce de démontrer que le spiritualisme n'est pas simplem. la science des esprits, mais celle de Dieu. Voici la liste des ouv. de ce philos. : des Erreurs et de la Vérité, etc., par un philosophe inconnu, Edimbourg (Lyon), 1775, : écrit inintelligible, mais le plus remarquable de l’aut. et qui lui valut le titre qu'il y prend lui-même, celui de philosophe inconnu (une suite des Erreurs et de la Vérité, etc., pub. en 1784, in-8 , a été signalée par Saint-Martin comme frauduleuse); Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu l'homme et l'univers, 2 part., Edimbourg (Lyon), 1782, in-8, trad. en allem. ainsi que le précéd. ; l'Homme de Désir, Lyon, 1790, in-8 ; nouv. édit., rev. et corrigée, Metz, an x (1802), in-12 ; ecce Homo, Paris, an IV (1796), in-12 ; le Nouvel homme, ib., 1796,     ; de l'Esprit des choses, ou Coup d'œil philosophique sur la nature des êtres, etc., Paris, an VIII (1800), 2 vol. ; Lettre à un ami, ou Considérations politiques, philosophiques et religieuses, sur la révolution française, Paris, an III (1795), in-8 ; Eclair sur l'association humaine, Paris, an v (1797), in-8; Réflexions d'un observateur sur la question proposée par l'institut : Quelles sont les institutions les plus propres à fonder la morale d'un peuple, ibid , an VI (1798), in-8 ; Discours en réponse au citoyen Garai, pro­fesseur d'entendem. humain aux écoles normales, sur l'existence d'un sens moral, etc., imp. dans la Collection des Débats des écoles normales, publ. en 1801, tom. 3 ; Essai sur cette question proposée par l'institut : Déterminer l'influence des signes sur la formation des idées, an VII (1799), in-8 de 80 pag. ; le Crocodile, ou la Guerre du bien et du mal, etc., poème épico-magique en 102 chants, etc., en prose mêlés de vers, Paris, an VII (1799), in-8 ; le Ministère de l'homme-esprit, Paris, an XI (1802), 3 part. in-8 ; plus. trad. d'ouv. de J. Boehm (v. ce n.), formant à peu près le tiers des Œuvres de cet illuminé. Les Œuvres posthumes de Saint-Martin, ont été pub. à Tours, 1807, 2 vol. in-8. On y trouve un journal, depuis 1782, des relations, des entretiens, etc., de l'auteur, sous le titre de Portrait de Saint-Martin, fait par lui-même. On a confondu cet écrivain philosophe avec Martinez-Pasqualis (v. ce nom), son maître. M. Gence a publié en 1821, chez Migneret une Notice biographique sur Saint-Martin, in-8 de 28 pages.

bouton jaune Louis-Claude de Saint-Martin, p.2698-2699