Calendrier perpetuel 1849Année 1849

- Alzog – Histoire universelle de l'Eglise - 2e époque (1789-1848) 
- Cantu - Histoire universelle – T 19 - Chapitre XXXVII. Philosophie – Sciences sociales - Utopies.
- Catalogue de la bibliothèque célèbre de Ludwig Tieck
- Chateaubriand - Mémoires d'outre-tombe - Années de ma vie, 1802 et 1803.
- Dumas - Le collier de la reine - XVI – Mesmer et Saint-Martin.
- Encyclopédie catholique – T 50 (Dict. de géologie) - Articles Martinez-Pasqualis et Saint-Martin
- Eynard - Vie de Madame de Krüdener.  
- Feller - Biographie universelle ou dictionnaire historique des hommes - Articles : Saint-Martin et Kirchberger
- Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques - Articles Saint-Martin, « Métaphysique » et « Nature ».
- La Phalange - La femme libre - Extrait d’une lettre adressée à M. Ernest Legouvé, Paris, le 4 mai 1848
- Mémoires de la Société des sciences morales, des lettres et des arts - Séance du 5 mai 1848
- Mickiewicz - Les slaves – T. 3 et T. 4
- Willm - Histoire de la philosophie allemande depuis Kant jusqu'à Hegel – T 4 

1849 – Alzog – Histoire universelle de l'Église 

1849 AlzogHistoire universelle de l'Église

Par Johannes Baptist Alzog (1808-1878)

Traduite sur la cinquième édition par Isidore Goschler, chanoine honoraire de Carcassonne, docteur ès-lettres, licencié en droit, directeur du collège Stanislas et Charles Félix Audley

Seconde édition – Tome troisième
Paris. V. A. Waille, libraire éditeur, rue Cassette, 6.
Jacques Lecoffre et Cie, libraires, rue du Vieux Colombier, 29

1849 - 2e époque (1789-1848) 2e partie

2e époque (1789-1848) 2e partie – Chap. 1. Révolution française. – Pontificat de Pie VII.

La réaction religieuse fut alors universelle. Elle se manifesta en maint écrit de l'époque. Et d'abord dans les ouvrages de Saint-Martin [+ 1804], qui, s'attachant bien plus aux rêveries de Jacques Bœhm et de Pordage qu'aux enseignements de l'Eglise, eut, par là même, peu d'influence, malgré ses intentions droites et son intelligence peu commune. Saint-Martin revêtit de formes fantastiques les idées mystiques sur la nature de Bœhm et de Pordage, et en composa un système mystico-théosophique, qu'il propagea surtout parmi les francs-maçons initiés aux plus hauts grades (1). Martin Ducrey se rendit très utile à la cause de Dieu par l'école qu'il fonda à Salanchcs [depuis 1800], et plus tard par sa chartreuse de Malan. Mais l'homme qui contribua le plus, à cette époque, [428] à la restauration des choses religieuses, à la glorification du Christianisme, fut, sans contredit, l'illustre Chateaubriand, dont l'éloquente plume remua toute la France en faveur d'une cause depuis longtemps abandonnée par les littérateurs en vogue.

Note

1. Des erreurs et de la vérité, 1775. Edimb., 1782, 2 vol. L'Homme de désir. Lyon, 1790. Ecce Homo. Paris., 1792; Lipsiæ [Leipzig ?], 1819. De l'Esprit des choses. Paris, 1800, 2 vol. Œuvres posthumes. Tours, 1807, 2 vol.

[Un compte-rendu de ce livre a été publié en 1848 dans la Nouvelle revue de Bruxelles]

1849 - Cantu - Histoire universelle – T 19

1849 CantuHistoire universelle

Par César Cantu (1804-1895)

Soigneusement remaniée par l’auteur, et traduite sous ses yeux, par Eugène Aroux, ancien député, et Piersilvestro Léopardi

Tome dix-neuvième

Paris, chez Firmin Didot frères, éditeurs, imprimeurs de l’Institut de France, rue Jacob, 56.

1849 - Chapitre XXXVII. Philosophie – Sciences sociales - Utopies.

=> Voir sur le site : César Cantu - Histoire universelle, T. 19

1849 - Catalogue de la bibliothèque célèbre de Ludwig Tieck

1849 TieckCatalogue de la bibliothèque célèbre de Ludwig Tieck, qui sera vendue a Berlin le 10. décembre 1849 et jours suivants, par A. Asher & Comp

De A. Asher & Co, Ludwig Tieck, Albert Cohn

Publié par A. Ascher & Comp., 1849 - https://books.google.fr/books?id=mHYHAAAAQAAJ

page 3

62. Angelus, Joh. und G. Josephi. Geistlieche Hirten-Lieder. Musique 4 part. en 1 vol. 8vo. Brefzlaw. s. d. vel. Première édition de cet ouvrage célèbre, dont l'auteur était le précurseur de St. Martin, Mad. Guyon etc. Titre manuscrit

page 144

3221. (St. MARTIN.) Le Crocodile, ou la guerre du Bien et du Mal, arrivée sous le règne de Louis XV. Poème Epiquo- Magique en 102 chants. 8vo. Paris 1798. (an VII.) cart.

3222. ( — — ) L'homme de désir, par l'auteur des Erreurs et delà Vérité. 8vo. Lyon 1790. cart.

8223. ( — — ) Le nouvel homme. 8vo. Paris 1795. (an IV.)

1849 – Chateaubriand - Mémoires d'outre-tombe - Années de ma vie, 1802 et 1803.

1849 chateaubriandM. François-René vicomte de Chateaubriand (1768-1848)

Tome quatrième.

Paris. Eugène et Victor Penaud frères, éditeurs, 10, rue du faubourg Montmartre.

1849

Paris, 1837. - Revu en décembre 1846

Années de ma vie, 1802 et 1803 - Châteaux. — Madame de Custine. — M. de Saint-Martin - Extrait, pages 75-81

=> Voir sur le site : La rencontre chez Chateaubriand

1849 – Dumas - Le collier de la reine - XVI – Mesmer et Saint-Martin.

Alexandre Dumas : Le Collier de la Reine - 1849

1849 - Le collier de la reine - Épisode des mémoires d’un médecin - Par Alexandre Dumas

Semaine littéraire du Courrier des États-Unis - Paul Arpin. Bureau du Courrier des Etats-Unis, 12 Park Place - 1849

Deuxième volume de la série Mémoires d'un médecin qui comporte en outre Joseph Balsamo, Ange Pitou et La Comtesse de Charny. On peut trouver une analyse ainsi que le texte complet du livre sur le site de la Bibliothèque Dumas, l’œuvre d’Alexandre Dumas en ligne : Le Collier de la Reine

Édition de 1860 en 2 vol., publiée chez Michel Lévy Frères, rue Vivienne, 2 bis, Paris, tome I, pages 210-213.

=> Voir l'article sur le site : XVI – Mesmer et Saint-Martin

1849 - Encyclopédie catholique – T 50 (Dict. de géologie)

1849 dic geologieDictionnaire de Géologie
Suivi d’esquisses géologiques et géographiques
Par M. A. de Chesnel et Dictionnaire de Chronologie universelle, par M. Champagnac
Publiés par M. l’abbé Migne, éditeur de la Bibliothèque universelle du clergé ou des cours complets sur chaque branche de la science ecclésiastique.
Tome unique 1849
Chez l’éditeur, aux ateliers catholiques du petit Montrouge, barrière d’Enfer de Paris
Encyclopédie catholique
Répertoire universel et raisonné des sciences, des lettres, des arts et des métiers, avec la bibliographie des hommes célèbres depuis l’origine du monde jusqu’à nos jours, et des gravures dans le texte, publiée sous la direction de M. l’abbé Glaire, doyen de la faculté, de M. le Vte Walsh et d’un comité d’orthodoxie.
Tome dix-septième. Paris, Parent Desbarres, éditeur. 1848.

 Article Martinez-Pasqualis. p.1080

MARTINËZ-PASQUALIS, chef de la secte dite des Martinistes, institua son nouveau rite à Bordeaux en 1754, vint à Paris en 1768, et alla mourir au Port-au-Prince en 1779.

Article Saint-Martin, p.1296

 SAINT-MARTIN (Louis-Claude), métaphysicien, né à Amboise le 18 janvier 1743, mort à Aunay le 13 octobre 1803, âgé de 60 ans.

1849 - Dictionnaire des sciences philosophiques 

1849 dict sciences philo t4Dictionnaire des sciences philosophiques par une société de professeurs et de savants

Tome quatrième

Paris. Chez L. HACHETTE ET Cie, rue Pierre Sarrazin, n° 12 (Quartier de l'École de médecine).

1849 -  Article Saint-Martin - Article « Métaphysique » - Article « Nature ».

=> Voir sur le site l'article sur Saint-MartinDictionnaire des sciences philosophiques

Article « Métaphysique ». Extrait p. 239

… Enfin, d’autres se sont efforcés de s’élever au-dessus de la raison même et d’atteindre à la suprême vérité, à la contemplation de l’infini, en s’affranchissant de toutes les conditions que la science impose, par les seules forces de l’enthousiasme et de l’amour ? Cette tentative est le fond commun du mysticisme ; le trait distinctif de tous les systèmes qu’il a mis au jour depuis l’école d’Alexandrie jusqu’à Jacob Bœhm, Fénelon et Saint-Martin. Comment s’étonner qu’avec de tels procédés : l’inspiration aveugle, une dialectique chimérique qui n’a que le nom de commun avec celle de Platon, et des définitions, des axiomes arbitraires faussement imités de la géométrie ; comment s’étonner qu’on soit arrivé à discréditer des recherches vers lesquelles l’esprit humain, malgré tant de déplorables échecs, se sentira toujours entraîné ?

Article « Nature ». Extrait p. 394

… Dans ce grand mouvement des esprits vers l’étude de la nature, les doctrines les plus influentes sont celles de l’animisme et du vitalisme universels, des forces occultes, des sympathies et des antipathies, ce sont les théories mystiques des théosophes et des kabbalistes, qui essayent d’effacer la distinction de l’esprit et de la matière, à force de matérialiser l’un et de spiritualiser l’autre. Telles sont les tendances de Reuchlin, d’Agrippa, de Paracelse, de Cardan ; le péripatéticien Porte ( ?), l’averrhoïste [sic] Cesalpini, Fracastor, Gilbert et la plupart des grands physiciens de ce temps y participent plus ou moins. Les mêmes tendances réapparaissent au XVIIe siècle avec les deux Van Helmont, Marcus Marc de Kronland, Robert Fludd, Jacques Bœhm, Jean Amos Comeam ; au XVIIIe siècle, avec Swedenborg et Saint-Martin ; et la nouvelle philosophie allemande s’y est livrée avec un enthousiasme réfléchi et méthodique.

1849 – La Phalange

1849 la phalangeLa Phalange – Revue de la science sociale
XVIIIe année – 1ère série in-8. Tome IX
Premier semestre 1849
Paris – Aux bureaux de la Phalange, rue de Beaume, 2

http://books.google.fr/books?id=jcgaAAAAYAAJ

La femme libre - Extrait d’une lettre adressée à M. Ernest Legouvé, Paris, le 4 mai 1848, p.65

Lettre à propos de son cours sur l’histoire morale des femmes ; elle avait trait particulièrement à la séance où il fut question de la femme libre. [Pages 59-66] Cette lettre est signée : Henriette*** (artiste).

Un mot encore, un seul, je vous prie, sur le jargon du saint-simonisme : « ce jargon qui se cache, dites-vous, sous les apparences mystiques et déclamatoires de perfectibilité, et qui n'est au fond que l'apothéose du corps, la glorification matérielle, la ruine de la grandeur humaine. »

Je connais peu la doctrine saint-simonienne, je dois vous l'avouer, monsieur, et si j'ai cru pouvoir en entreprendre la défense, ce n'est guère que par les révélations que vous m'en fournissiez, révélations que je trouvais, en effet, si souvent empreintes de ce mysticisme que vous réprouvez, et qui m'a fait tressaillir d'émotion. Je crois avoir des preuves pour établir sa parenté avec toutes les doctrines socialistes, et je les emprunte à Saint-Martin, l'un des mystiques les plus remarquables et les moins connus. Voici les paroles qu'il prononçait bien avant l'apparition de toutes les théories socialistes :

« Homme, rappelle ton discernement pour ne pas te tromper dans tes voies ; parce que les actions sont différentes, doivent-elles te paraître opposées ? L'homme est combattu, même par la diversité de ce qui est vrai, parce que la vérité s'est subdivisée pour l'accompagner dans les différents degrés qu'il a parcourus dans sa chute. Si tu ne cueilles les fruits de l'un de ces degrés, tous ceux que tu parcours ensuite ne feront que te troubler et t'ôter tes forces. L'unité est dans chacun d'eux ; c'est à la lumière de son flambeau que tu peux tous te les rendre profitables (1). »

(1) L'homme de Désir, [chant 228, v.5-7] par Saint-Martin, dont les ouvrages publiés à la fin du dernier siècle ont paru sous le pseudonyme de : un philosophe inconnu.

1849 - Mémoires de la Société des sciences morales, des lettres et des arts

1849 t2 sciences moralesMémoires de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine et Oise

Tome deuxième

Versailles, Montalant-Boubleux, imprimeur de la Société, avenue de Sceaux, n° 4

P.-F. Étienne, libraire, rue Saint-pierre, n° 13

1847 - Séance du 5 mai 1848 - 1849 - Mémoires de la Société des sciences morales, des lettres et des arts

 Séance du 5 mai 1848 - Page XXXIV

Dans une Notice sur Claude de Saint-Martin, dit le Philosophe inconnu, qui vécut à la fin du XVIIIe siècle, M. BOUCHITTÉ vous a raconté la biographie de ce philosophe illuminé dont la doctrine est restée si obscure. Il vous a présenté l’analyse de sa doctrine sur la chute de l’homme, sur le bien et le mal, sur le libre arbitre, et sur l’idée de l’espace ; et il a insisté sur les doctrines politiques que Saint-Martin opposa aux excès de la révolution française, dont cependant il admettait le principe.

[Cette notice se trouve dans le Dictionnaire des sciences philosophiques]

1849  - Feller - Biographie universelle ou dictionnaire historique des hommes

1849 Feller t5Biographie universelle ou dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes
Par F.-X. DE FELLER.
Édition revue et continuée jusqu’en 1848 sous la direction de M. Ch. WEISS, conservateur de la bibliothèque de Besançon, membre de plusieurs académies, et de M. l’abbé BUSSON, ancien secrétaire du ministère des affaires ecclésiastiques et vicaire général honoraire de Montauban.
Tome V - Paris.
J. Leroux, Jouby et Cie, libraires, rue des Grands Augustins, 9 - Gaume frères, libraires, rue Cassette, 4 - Outhenin Chalandre, rue de Savoie, 5 - Lille. L. Defort, imprimeur libraire - Besançon, Outhenin Chalandre fils.

=> Voir sur le site les articles sur : 1849 - SAINT- MARTIN (Louis-Claude de), dit le Philosophe inconnu et  Kirchberger

Adam Mickiewicz (1798-1855) - Les slaves

1849 Michiewicz t3Cours professés au Collège de France par Adam Mickiewicz (1842) et publié d’après les notes sténographiées

Paris. Au comptoir des imprimeurs-unis

Comon éditeur

Quai Malaquais, n° 15 - 1849

Tome troisième : Soixante-huitième leçon - Soixante neuvième leçon
Tome quatrième : Douzième leçon - Dix-huitième leçon 

=> Voir sur le site l'article

 


1849 – Eynard - Vie de Madame de Krüdener

1849 Eynard t1Par Charles Eynard
Paris. Cherbuliez, libraire, 6, place de l’Oratoire – Librairie, 2, rue tronchet
Lausanne, G. Bridel, libraire
Genève, Cherbuliez, libraire
1849 

Tome I – Chapitre IX – 1808-1909 - Extrait, page 178

Pour un Swedenborg, un Saint-Martin, un Stilling, et un Oberlin qui auront peut-être bâti quelque fois avec du bois et du chaume, on compte des milliers de rêveurs et de fanatiques dont l'exemple doit nous tenir en garde contre les abus et les excès de l'illuminisme ; on compte surtout un nombre déplorable de personnes qui en ont fait un moyen de satisfaire leur ambition sordide ou leur curiosité sacrilège, et nous sommes forcés de mettre dans cette catégorie un homme [Frédéric Fontaine] qui, en 1808, faisait un grand bruit dans la contrée où vivaient Oberlin et Stilling.

Tome II - Chapitre XXX – 1821 - Extrait, Pages 344-346

1849 Eynard t2Dès son arrivée à Pétersbourg, Madame de Krüdener fut de nouveau l'objet d'un vif intérêt. Cette société russe toujours si mobile, toujours si impressionnable, si prompte à s'exalter pour tout ce qui sort de la ligne commune, accourut chez la princesse Galitzin, pour voir et entendre Madame de Krüdener : pauvres et riches, civils et militaires, nobles et artisans s'y rendaient avides de ses exhortations et de ses avertissements dont le sérieux répondait bien au besoin d'émotions de ses auditeurs. Dans la foule, on distinguait quelques membres des sociétés mystiques, qui s'étaient formées dans les dernières années du règne de Catherine. Doués d'une imagination ardente et travaillés de désirs religieux qu'ils n'avaient pu satisfaire dans une église dont l'alliance avec l'état compromettait visiblement la spiritualité, quelques Russes des hautes classes avaient embrassé vers la fin du XVIIIe siècle les doctrines de Bœhme, de Saint-Martin et de Dutoit-Membrini, et avaient formé des loges martinistes.

MM. Yeloguine et Novrikoff y avaient apporté lés visions et les dogmes de Swedemborg, tandis que MM. Pletcheieff et Tourguéneff se rattachaient plutôt à Saint-Martin : réunis à MM. Raditchoff et Lapoukhine, et plus tard; au feld-maréchal prince Repnin et au comte Alexis Razoumoffski, ils avaient fait de nombreux adeptes. Sans rompre ouvertement avec l'église grecque, ils cherchaient à y faire pénétrer la vie spirituelle [p.345] qu'ils n'y trouvaient pas. Catherine ferma longtemps les yeux sur leurs prétentions, mais toute sa tolérance philosophique ne l'empêcha pas de sévir contre les mystiques, dès qu'elle reconnut que leurs efforts tendaient à l’indépendance religieuse. Nowikoff fut enfermé a Schlusselbourg et ses amis furent exilés de la cour ou confinés dans leurs terres. Des mesures si oppressives eurent le résultat qu'elles auront toujours ; elles ne firent que justifier et accroître l'influence des idées mystiques qui reparurent dès l'avènement d'Alexandre, plus on moins modifiées, mais toujours aspirant à un affranchissement que l'église grecque ne pouvait accorder. Un journal intitulé le Messager de Sion s'était fart leur écho: Le Synode s'en étant ému, interdit cette publication, mais son rédacteur Labzine continua son œuvre par les traductions des œuvres de Jung-Stilling, d'Eckartshausen et du Mystère de la Croix.

L'activité du mouvement religieux un moment comprimée, se manifesta avec plus d’ardeur après la conversion d'Alexandre. Les sociétés bibliques, formées et encouragées par un ukase de l'empereur et présidées par le prince Galitzin, procureur-général du Synode, se trouvèrent d'accord avec les partisans du mysticisme pour émanciper la pensée religieuse et lui accorder toutes les satisfactions qu'elle pouvait désirer.

Cependant le zèle des membres de la société [p.346] biblique britannique et étrangère satisfaisant à des besoins religieux si longtemps méconnus, manifestait clairement l'attiédissement de la majorité du clergé national. Tous les sectaires se réunissaient pour seconder les novateurs, moins par amour pour la religion que dans le désir de dissoudre, s'ils le pouvaient, cet ordre antique qu'ils n'avaient pas trouvé favorable à leurs tendances particulières. Alexandre en favorisant la liberté des cultes dans un pays encore si peu fait à la liberté, avait créé à sa politique intérieure, qui était la large et généreuse, des adversaires dont l'opposition contrebalançait les avantages qu'il avait trop exclusivement envisagés. Il luttait partout à la fois contre les prétentions exclusives, mais la lutte d'un homme seul, fut-il même aussi puissant que l'était Alexandre, ne peut venir à bout des résistances acharnées et constantes d'une multitude d'êtres faibles, mais résolus parce qu'ils se sentent atteints dans leurs intérêts les plus immédiats. Alexandre se lassait et épuisait ses forces dans cette arène qui enfantait à chaque heure de nouveaux combattants.

Tome II - Chapitre XXXI. – 1821 - 1824. Extrait, pages 371-373

Elle croyait qu'Alexandre était l'instrument choisi de Dieu pour cette restauration ; elle s'en exprimait chaleureusement, en toute circonstance. On ne manquait pas de rapporter à l'Empereur les récits amplifiés de cette sorte de croisade dont la malveillance grossissait les échos : il s'en affligeait, mais il s'abstint de le témoigner. Plus tard, informé combien Madame de Krüdener électrisait ses auditeurs, par son éloquence à défendre les victimes de l'indifférence des rois, il se décida à rompre le silence, pour mettre un terme à des froissements qui lui étaient douloureux. Dans le but de concilier toute la douceur de [p.372] l'affection fraternelle avec la majesté souveraine, il écrivit une lettre de huit pages, où il exposait avec fidélité à Madame de Krüdener les idées qui le tourmentaient : il lui peignait la difficulté de marcher avec son siècle, et de répondre à la Grèce, qui l'appelait ; son désir de faire la volonté de Dieu, qu'il ne démêlait point encore ; la crainte de s'engager dans une fausse route, et de favoriser « ces innovations qui déjà avaient fait tant de victimes, et si peu d'heureux ; mais surtout l'obligation qu'il avait contractée de marcher d'accord avec ses alliés. »

Puis, blâmant la liberté avec laquelle elle censurait son gouvernement et ses actes, il lui fit entendre en ami, mais en ami qui pourrait tenir un autre langage, qu'en suscitant des embarras à ses ministres et en fomentant des agitations autour du trône, elle manquait à ses devoirs de sujette et de chrétienne, et que sa présence ne pouvait être tolérée aux portes de la capitale qu'à la condition de garder un silence respectueux sur une conduite qu'il n'était pas libre de modifier au gré de ses désirs. La bienveillance dont Alexandre voulut empreindre cette déclaration fut rendue encore plus sensible à Madame de Krüdener par le choix qu'il fit d'Alexandre de Tourgueneff (1) [p.373] pour en être le messager.

Note

1. Alexandre de Tourgueneff, patriote éclairé, membre de la commission des lois et secrétaire d'Etat au conseil de l'Empire, directeur des cultes étrangers au ministère du prince Galitzin, fils d'un disciple zélé de Saint-Martin, que nous avons nommé plus haut, a laissé de bien vifs regrets à tous ceux qui l'ont connu et qui ont pu jouir de sa bienveillance. Nous sommes heureux de consigner ici notre reconnaissance pour les communications que nous avons reçues de lui.


1849 – Willm - Histoire de la philosophie allemande depuis Kant jusqu'à Hegel - T 4

18849 Willm t4Histoire de la philosophie allemande depuis Kant jusqu'à Hegel
Joseph Willm, inspecteur de l’Académie de Strasbourg, correspondant de l’Institut
Ouvrage couronné par l’Institut (Académie des sciences morales et politiques)
Tome quatrième
Paris. Librairie philosophique de Ladrange, quai des Grands Augustins, 19
Strasbourg, chez Treutel et Würte, libraires, grand’rue, 13
1849 - T 4 - Philosophie dissidente et indépendante - Chapitre II – Solger de François Baader

Philosophie dissidente et indépendante - Chapitre II – Solger de François Baader

Extrait, page 408

Tandis que Solger semble tout rapporter à l'idée du beau, François Bander est surtout remarquable comme philosophe religieux. Il fut en Allemagne, avec Gœrres et Windischmann, un des principaux représentants de ce qu'on est convenu en France d'appeler l'École catholique; il appartient plus spécialement à l'école mystique de Jean Scot Érigène, de Jacob Bœhme, de Saint-Martin, de Ballanche. Il est a la fois plein de zèle et de tolérance, ami de la lumière et du mystère, croyant et rationaliste. Il rebute d'abord le lecteur par un langage souvent obscur et embarrassé, mêlé de mots étrangers et de provincialismes ; mais il gagne à être connu, et intéresse par une instruction très variée et par une foule d'aperçus neufs et spirituels. Nous devons nous contenter de le caractériser d'une manière générale, principalement comme théologien philosophe.

Extrait, page 413

François Baader cite à cette occasion ce passage presque hégélien de Saint-Martin : «C'est sur la terre que se prépare la substance qui sert de base et de premier degré à la régénération ou a la renaissance de tous les êtres de l'univers. »

Extrait, page 415-416

François Baader cite, sur les traditions bibliques, avec trop de complaisance, les interprétations ingénieuses, mais trop souvent hasardées de Saint-Martin et de Jacob Bœhme. Il admet avec eux partout, à côté du sens littéral, un sens allégorique. Il appelle l'attention des théologiens sur la doctrine exposée par Saint-Martin dans les écrits intitulés : L’Esprit des choses et le Ministère de l’homme-esprit, touchant les prophètes, sur sa théorie des sacrifices et du culte. Il est parfaitement d'accord avec ce théosophe sur l'idée de la solidarité de tous les hommes pour le salut commun et le rétablissement universel, ou, comme il l'appelle, la restauration du genre humain par la religion: idée grande et généreuse, indiquée dans le Zend-Avesta et qui n'est point étrangère au christianisme.

Selon François Baader, un défaut capital de l'interprétation ordinaire de l'Écriture, c'est de ne pas saisir l'histoire sainte de l'humanité dans son ensemble, comme une évolution successive tendant à une même fin. L'histoire de l'univers, considérée du point de vue de Saint-Martin et de Baader, forme trois grandes périodes, celle de la création de l'homme, celle de sa chute et de sa rédemption, et celle du rétablissement universel. « Quand le chaos de la nature se débrouilla, dit Saint-Martin, l'homme parut comme étant l'organe de la vérité pour l'administration de l'univers; quand le chaos spirituel où l'homme coupable s'était plongé, fut dissipé, le réparateur se montra comme étant la vie de l'esprit et le suprême agent de notre délivrance et de notre régénération. » [Le nouvel homme, 1796, Volume 1, p.155] Les six jours de la création, ajoute Baader, la création tout entière n'a eu d'autre but que de rendre possible l'avènement de l'homme. Ensuite tout le mouvement universel, ainsi que [p.416] l'histoire de l'humanité, a eu pour unique fin la venue du Sauveur. Enfin, depuis sa résurrection, la création tout entière et les hommes travaillent a préparer la seconde venue du Christ et l'aurore du sabbat éternel.

Extrait, page 630

Les idées spéculatives de Fr. Baader comptent un bon nombre d'amis, assez dévoués pour entreprendre, à l'exemple des disciples de Hegel et de ceux de Krause, la publication de ses œuvres. Elle se composera de quatorze volumes, dont dix doivent reproduire les ouvrages déjà imprimés, et quatre renfermer des écrits inédits, avec la correspondance et la biographie de l'auteur. Les premiers seront classés sous les rubriques suivantes : Théorie de la connaissance, Philosophie fondamentale, Philosophie de la nature, Philosophie de l'esprit, Philosophie sociale, Philosophie religieuse et Aphorismes. Dans la seconde division on trouvera des observations sur Jacob Bœhme, sur Saint-Martin, sur saint Thomas d'Aquin, etc.

XVIII. François Baader

(Addition à la page 408.) p.630

François Baader, qui mourut en 1841, professeur de théologie spéculative à l'université de Munich, où il avait vu le jour en 1765, était le frère cadet du célèbre mécanicien Joseph Baader, mort en 1835. A l'âge de sept ans, il eut des accès de somnambulisme, et à la suite d'une fièvre cérébrale il perdit toute envie d'apprendre et se montra longtemps d'un esprit très borné. Après quelques années cependant, étant tombé par hasard sur les Éléments d'Euclide, il se fit en lui un changement inespéré ; il sembla se réveiller d'une sorte de songe; il s'était retrouvé lui-même. Il étudia et pratiqua quelque temps la médecine; mais il la quitta bientôt pour se vouer à la métallurgie. Il alla passer trois ans à l'école des mines de Freiberg, où il se lia beaucoup avec le célèbre minéralogiste Werner. Il visita ensuite les mines de la Grande-Bretagne. A son retour en Bavière, il fut placé à la tête de l'exploitation des mines de ce pays, et nommé membre de l'Académie des sciences de Munich. Lors de la création d'une université dans cette capitale, Fr. Baader y prit sa place comme professeur de dogmatique spéculative, chaire créée exprès pour lui et en quelque sorte par lui-même. Les idées spéculatives de Fr. Baader comptent un bon nombre d'amis, assez dévoués pour entreprendre, à l'exemple des disciples de Hegel et de ceux de Krause, la publication de ses œuvres. Elle se composera de quatorze volumes, dont dix doivent reproduire les ouvrages déjà imprimés, et quatre renfermer des écrits inédits, avec la correspondance et la biographie de l'auteur. Les premiers seront classés sous les rubriques suivantes : Théorie de la connaissance, Philosophie fondamentale, Philosophie de la nature, Philosophie de l'esprit, Philosophie sociale, Philosophie religieuse et Aphorismes. Dans la seconde division on trouvera des observations sur Jacob Bœhme, sur Saint-Martin, sur saint Thomas d'Aquin, etc.