[Caroline de Marguerye]

Née à Paris, en 1788, elle appartenait à une noble famille normande des environs de Lisieux, qui a fourni à l'armée, à la haute magistrature, au clergé, un nombreux contingent d'hommes remarquables. L'évêque d'Autun, Mgr de Marguerye, était son cousin.1837 ame.exilee

À l'âge de seize ans, Caroline de Marguerye épousa le comte Eugène de Hautefeuille. Cette union ne fut pas heureuse, et une séparation judiciaire entre les deux époux eut lieu. La comtesse de Hautefeuille profita de cet isolement pour compléter son éducation littéraire, qui avait été [page 77] fort négligée. Ce n'était pas du temps mal employé. Plus tard, en effet, des revers de fortune l'obligèrent à chercher dans les lettres des moyens d'existence  ̶ et elle y réussit, ses besoins étant fort modestes. Son premier ouvrage : Souffrances, date de 1834. C'est un mélange de prose et de vers, où l'on sent une main qui s'exerce en pastichant André Chénier, Châteaubriand et Lamartine. Il n'y a d'original, dans ce livre, qu’une Réponse à la Satire X, de Boileau. Mme de Hautefeuille y venge éloquemment les femmes des invectives jansénistes de ce « régent du Parnasse », que l'indécente voracité d'une poule d'Inde avait rendu si grincheux envers le sexe aimable. Souffrances n'eut aucun succès. L'Ame exilée [1837], qui parut bientôt après, sous le pseudonyme d'Anna-Marie, en eut au contraire beaucoup. Dès lors, la comtesse de Hautefeuille adopta ce nom et en signa tous ses ouvrages.