[Le phalanstère chrétien]

1852 ame exileeL'essai de phalanstère chrétien, organisé par Coëssin, eut, sous le gouvernement de Juillet, un grand retentissement et compta des hommes de marque parmi ses adhérents. Nous citerons entr'autres : l'économiste Decourdemanche; l'avocat Charles Ledru, défenseur du prêtre italien Contrafatto ; le publiciste Charles Stoffels, qui a écrit Résurrection ; le professeur Gabriel Lassus, l'auteur d'Eve et Marie ; l'abbé Simon de Latreyche, qui venait de publier Le Mystère de la Vierge ou Du rôle de la femme dans la Création. Un moment, l'abbé Constant y adhéra. Mais il s'en détacha bientôt pour se lancer, sous le pseudonyme d'Eliphas Lévi, dans l'étude et la pratique de la magie. On sait que, sous le second Empire, l'abbé Constant épousa Claude Vignon, qui s'est plus tard remariée avec le ministre Rouvier. Les premières œuvres d'Eliphas Lévi, par exemple son Assomption de la Femme, se ressentent des idées en honneur dans les Familles Spirituelles. [page 85]

Il en est de même de  l’Âme exilée, d'Anna-Marie. Sous la direction de l'abbé de Latreyche, qui présidait le phalanstère chrétien de la rue de Chaillot, tandis que Coëssin dirigeait celui de l'Arcade, la comtesse de Hautefeuille se préoccupait de l'abaissement moral des femmes au dix-neuvième siècle. Sans réclamer ce qu'on appelle aujourd'hui l'émancipation féminine, elle voulait pour son sexe plus de respect, de liberté, de prérogatives sociales. L`Ame exilée, où se développe à l'aise la nature de son talent gracieux et rêveur, porte l'empreinte de ces nobles préoccupations.