[Cinquième section : de la méthode] 

Dans la cinquième et dernière section, je traiterai de la méthode : je n'aurai presque rien de nouveau à ajouter; mais j'aurai à recueillir les résultats de tout ce que j'aurai exposé et développé dans les sections précédentes. Ici je ferai voir que, bien sentir, bien se servir de ses facultés, bien former ses idées, bien parler sous des points de vue, et sous des termes divers, ne sont qu'une seule et même chose, et que c'est cela même qui constitue la bonne méthode. La querelle ancienne entre les partisans de la synthèse et les partisans de l'analyse sera terminée sans beaucoup de peine par l'application des principes que nous aurons recueillis tout le long de notre route. Nous serons assurés à l'avance qu'il n'existe, et ne peut exister d'autre moyen de bien voir et de bien observer, de bien penser et de bien s'énoncer, que de s'énoncer, de penser, d'observer et de voir analytiquement; et que ceux qui célèbrent les avantages de la synthèse n'y trouvent quelques lumières, que lorsque la synthèse est elle-même l'ouvrage de l'analyse. Enfin, pour prononcer en connaissance de cause, entre l'analyse et la synthèse, et pour démontrer définitivement, laquelle de ces méthodes est la meilleure ou la seule bonne, je mettrai en usage un moyen bien décisif : je tracerai le tableau des systèmes les plus insensés, qui ont trompé la terre :on les verra élevés par la synthèse : je tracerai à côté le tableau de ces magnifiques [40] découvertes des sciences exactes et physiques, qui ont changé depuis Galilée la face des sciences et des empires, et on verra qu'elles ont été faites par l'analyse.

Tel est mon plan pour toute l'étendue de ce cours; j'attends vos observations pour savoir ce que je dois en penser (1).


Note

1. La fin de cette séance sera transportée au commencement de la suivante, à laquelle elle se lie mieux.