Esprit du dogme de la franche-maçonnerie: recherches sur son origine et celle de ses différents rites, compris celui du carbonarisme

1842 maconnerie t1Par le F.·. M.·. R.·. [Marcello Reghellini (1763 ?-1855)] de Sobio

Bruxelles, H. Tarlier, libraire-éditeur, rue de la Montagne, n°306

M DCCC XXV (1825) - Esprit du dogme de la franche-maçonnerie

Extrait, p. 34

Des prêtres égyptiens Moïse prit aussi l'ornement du (1) Rational, qui était composé de douze pierres fines toutes différentes, sur chacune desquelles était gravé un des douze grands noms de Dieu ; cet ornement et ce nom se conservent dans un grade du rite du Chr. de St.-Martin.

Note : 1. Planche 1re, n° 5.

Extrait, p.49

Moïse se trouve commémoré dans plusieurs rites et grades Maç.·., dans celui de Swedembourg, dans celui de St.-Martin, dans l'Ancien et Nouveau rite anglais, dans celui des Élus Coëns, dont le décors des V.·. V.·. est relatif à Moïse, comme dans le degré du Serpent d'Airain, dans celui de Chef du Tabernacle et autres. 

Extrait, p.184-186

[p.184] ... M. de St. Martin fut un des plus célèbres réformateurs français ; il composa un nouveau rite.

Ses doctrines sont fondées sur celle de Martines [p.185] Pascalis (1); elles enseignent les principes et la pratique du Martinisme ; il divisa son rite en dix grades, dont sept forment le premier temple, et trois le second; il a aussi suivi les opinions de Swedembourg [sic], et même modelé ses instructions sur celles des Elus Coens ; c'est-à-dire qu'elles traitent de la création de l'homme, de sa désobéissance, de sa punition, de sa régénération et de sa réintégration, dans son innocence et dans les biens perdus par le péché originel. Son but est le perfectionnement de l'homme, afin qu'il puisse s'approcher du souverain être dont il est émané.

Lorsque l'adepte par ces nouveaux ordres a recouvré ses droits primitifs, il se rapproche de son créateur ; il peut connaître les secrets de la nature, ceux des sciences occultes et de la théologie mystique.

Ses cérémonies sont entièrement israélitiques et tirées de la Bible.

Son rite est fondé sur la théosophie, la chimie et les évocations.

M. de St. Martin a rectifié les mots sacrés hébreux, desquels il se sert dans ses grades, et qui se trouvent altérés dans presque tous les autres rites.

A Metz, le Chap.. de St. Théodore professait les grades de cette réforme. [p.186]

Le rite de St. Martin a produit la loge des Philatètes à Paris, qui avait douze grades, et dont toute la science reposait sur la chimie et sur les sciences occultes ; cette loge avait une bibliothèque riche en monuments maçonniques et littéraires. A la mort de son instituteur, M. La Savalette [sic pour Savalette de Lange (1745-1797], ces documents ayant été vendus, ils furent acquis pour enrichir les archives du rite philosophique de Paris ; malgré tout cela, les Philatètes avaient adopté bien des maximes de la stricte observance.

(1) Martines Pascalis est un Allemand , né vers 1700 d'une famille pauvre mais noble. A l'âge de seize ans il savait le grec et le latin : il fut en Turquie, en Arabie, et à Damas il s'instruisit dans les mystères du Temple; il établit un ordre particulier de R.·..R.·..ⴕ.·..ⴕ.·.

Extrait, 188-189

[p.188]... La France même, en 5800, était partagée dans les croyances Maçon.·. suivantes :

Le Rite Ecossais Philosophique et celui d’H.·.R.·.M.·. ;
Le Chap.. Primordial des R. R.ⴕ.·..·. d'Arras, et Chap.·. de son ressort ;
La Cité Sainte ou la stricte observance, dont les centres se trouvaient à Lyon, à Bordeaux et à Strasbourg ;
Les Philatètes ou chercheurs de la Vérité ;
Le Régime Primitif ;
Le rite d’Adonhiram;
Le Rite de St.-Jean d'Ecosse, établi à Marseille,
Le Rite Hermétique, qui avait son centre à Montpellier,
Les sublimes Elus de la Vérité, dont le centre était à Rennes ;
Le Rite de St.-Martin,
Le Rite des Elus Coëns ; [p.189]
Le Rite des Trois Grades Symboliques, et enfin de la nouvelle réforme adoptée par le G.·. O.·.

Extrait, p.232-233

Swedembourg a donné l'origine au rite des Elus Coëns, qui se rapportent à la théosophie biblique et chrétienne ; ils sont très répandus en Allemagne et dans les villes les plus considérables.

La Genèse a fourni au programme des trois premiers grades, et à la marche de l'initiation.

Le tout puissant M.·. donne la vie au néophyte, qui sort du cahos, fait serment de discrétion, de fuir la débauche, les jeux , les femmes publiques, l'adultère et d'être fidèle à l'ordre.

Et comme l'homme est formé de boue et de limon, selon la Bible, l'instituteur a ajouté aux symboles maçonniques les symboles des éléments qui sont : un vase contenant de la terre pétrie, un second plein d'eau, une terrine avec des charbons allumés.

Les doctrines du premier temple et des quatre [p.233] premiers grades se rapportent à la création de l'homme, à sa désobéissance, à sa punition, aux peines du corps et de l'esprit, ce qui est réellement représenté dans les initiations.

La suite des grades est celle-ci : premier temple, Ap.·.Comp.·.M.·.Elu.·. ; second temple, Comp.·.M.·. Coëns ; Grand Architecte et Ch.·. Comdr. K.·.D.·.S.·.

Dans les mystères il est dit que, lorsque l'homme, par une vie nouvelle, sainte, exemplaire, s'est réintégré dans sa dignité primitive, par des travaux utiles, qui lui ont fait recouvrer ses droits primitifs, alors il se rapproche de son créateur par une vie nouvelle spéculative : animé du souffle divin, il est initié Elu Coëns ; dans les instructions qu'il reçoit, il apprend les sciences occultes dans toutes leurs parties, qui lui font connaître les secrets de la nature, la haute chimie, l'onthologie [sic], l'astronomie. Lors de l'admission, des cercles sont tracés au milieu du temple, représentant le système universel planétaire et le soleil au centre.

Extrait p.251

Note sur Abrac ou Abraxa. C'est un nom que Basilidès [sic pour Basilide], célèbre philosophe d'Alexandrie, donnait à la divinité. Les Basilidiens, les Capocratiens, les Gnosticiens avaient une image du soleil, où était gravé le mot Abraxax, Ce mot grec répond au nombre 365 duquel sont formés les jours d'une année. Basilidès prétendait que 365 intelligences spirituelles présidaient aux destinées du jour, à qui dans la suite furent substitués, selon les critiques, par les catholiques romains, autant de saints et de saintes qui président au jour chrétien et que l'on commémore dans la messe et dans l'office du jour. Bien des saints pères se sont élevés contre Basilidès, comme s'il supposait l'influence des astres. Ce que les flammes ont épargné de ses écrits fait voir que Basilidès (malgré les observations de l'abbé Baruel), admettait un Dieu qui a créé l'univers, et le conserve par des principes fixes et pleins de sagesse. Basilidès soutient que l'homme qui cherche à connaître ces principes, c'est-à-dire l'intérieur de la nature, celui-là s'approche de Dieu, obtient sa grâce et le pouvoir de commander à la nature. Les Coëns et quelques autres rites admettent ce principe

Extrait, p. 271-272

[p.271] ... Cagliostro avait adopté entre autres ornements le drap sérique, ou voile copte que les Coëns (1) [p.272] avaient adopté ; de couleur jaune, ayant les franges blanches aux extrémités, brodées en or, et représentant les sept emblèmes des sept anges et planètes, qui rappelaient aussi dans leurs instructions que Salomon resta sept ans à élever son temple à l'Eternel, comme il est dit dans la Bible, et que son trône avait sept marches, analogues aux sept sciences prescrites pour obtenir la sagesse de ce grand roi.

Note 1. Moïse avait établi trois branches de prêtres pour le service de l'autel : 1°, des Coëns, 2°. des Lévites, 3°. d'Israël, : Les Coëns descendants d'Aaron, étaient tous prêtres et sacrés, ils étaient chargés des grandes prières le 10 de Thischri, et devant l'autel ils donnaient la bénédiction au peuple (comme les prêtres de Rome). Les lévites n'étaient que leurs observants ; ils se tenaient très honorés d'être élus dans certaines cérémonies pour présenter aux Coëns de l'eau dans un bassin, et en verser sur leurs mains, leur présentant des serviettes de lin (ce que les catholiques ont conservé dans leur messe au Lavabo). Les Coëns ne pouvaient toucher les objets sacrés qu'après cette purification; ensuite ils se plaçaient devant le grand prêtre, et se tournaient vers le coffre qui tenait renfermé la bible ; ils l'environnaient, et le plus ancien haussait les mains vers le ciel, étendant ses doigts (comme les prêtres catholiques devant l'hostie sur l'autel) et fermait les yeux, après quoi il ouvrait le coffre sacré, ou arche, fermé à clef.

C'est de ce point que part le degré de Chef des Clefs, et le décor qui se trouve dans différents rites Maç.·.

Les Coëns , se [sic] dans leurs hautes fonctions, tenaient la tête couverte par un grand voile, ce qui était pratiqué par les prêtres de Jupiter et même par les Saliens, qui la couvraient avec une peau de victime. Les prêtres de Rome adoptèrent l'emblème des Coëns ainsi que Cagliostro et autres.

Extrait, p. 285

Les Coëns avaient des emblèmes et des explications approximatives.

La décoration de la vente est un triangle placé derrière le G.·.M.·. au-dessus de sa tête, avec les initiales des mots de passe du second degré ; à la même hauteur, à la droite, sont les armoiries de la vente, à la gauche trois triangles, les uns dans les autres ; au centre les initiales des mots sacrés du premier degré. Ces emblèmes sont transparents et illuminés; au-dessus est placée la peinture symbolique de St Thiébault, et les Vertus, la Foi, l'Espérance, la Charité.

Extrait, p. 307-308

« Frère Terrible ôtez le bandeau de l’Erreur, qui obscurcit son esprit, et que N..N.:: rendu à l'innocence, à la simplicité, à la raison, vienne recevoir l'accomplissement de son initiation (1) [...]

Par tout ce qu'on vient d'exposer on a dû remarquer que les nouveaux Charbonniers qui sortent des anciennes institutions allemandes, ont adopté des cérémonies et des doctrines, tant des Maç.·. illuminés que des Coëns, ou d'autres rites. La réception est tout à fait Maç.·. comme on l'a vu; et de plus par cet acte on exige que le néophyte fasse ses voyages par les éléments ; le serment est pour le secret et l'obéissance, l'assurance qu'il obtient avant de le donner est que les B..B.:.C..C.:. ne s'occupent point [p.308] de choses contre la religion, ni contre l’état, ni même contre les droits de l’individu.

(1) Cette initiation se rapporte tout à fait à celle des Coëns et aux Sub.·.Elus de la vérité, etc.

Extrait, p.325

Que dans le M.·. d'Israël, on donne le mot Benchorim qui signifie fils de nobles. Les prêtres Coëns étaient les anciens maîtres d'Israël, et se regardaient comme nobles et privilégiés.