Tome deuxième
Chapitre XXVIII – Maçonnerie du Royaume des Pays-Bas
Extrait, pages 350-353
Chapitre XXVIII – Maçonnerie du Royaume des Pays-Bas
[p.350] … Nous avons vu disparaître, et chaque jour nous voyons reparaître des Maçons et des non-Maçons, tels que les membres de l'Ordre du Temple, se croire les vrais successeurs des anciens templiers, et se décorer d'ordres de chevalerie éteints ou chimériques, [p.351] propres à inspirer des idées d'ambition, en opposition directe avec cette égalité chérie, base de la confraternité Maçon.·. ; nous avons vu d'autres Frères introduire dans la Maçon.·. des légendes religieuses, opposées à la tolérance, attribut essentiel de l'Ordre. Nous avons vu tomber les anciens géologues, les misraïmistes, après une bien courte existence. D'autres ont osé en vrais imposteurs, assurer qu'ils voyaient Dieu, et que Dieu leur parlait : admirable moyen de faire des dupes partout où il se trouve des faibles et des crédules ! tels furent Swedenborg, Pascalis Martinez, St, Martin, Schopher, Cagliostro etc., et toutes ces sectes, tous ces Rites se sont établis, se sont calomniés, se sont écroulés, ont disparu ! aujourd'hui l'on ne trouverait plus de Maçons capables d'ajouter foi à de semblables rêveries ; on est convaincu que tout innovateur ne peut plus avoir d'autre but que le bien-être de l'Ordre, ou que son entreprise n'est qu'une spéculation illicite qui dégénère en un vil intérêt pécuniaire. On est donc devenu plus circonspect et plus réservé d'une part, tandis que d'un autre côté, on est plus éclairé et plus tolérant. On cherche même à être membre de plusieurs Rites à la fois, pour mieux savoir lequel mérite le plus l'importance qu'on y attache ; et en comparant, selon notre coutume, la Maçon.·. à la religion, nous voyons chaque jour les vains prestiges [p.552] disparaître, les inimitiés diminuer et les fantômes les plus risibles nous apparaître sous leur vrai jour. La lumière orientale commence à briller d'un plus vif éclat, il est aisé de se convaincre qu'en Maçon.·., comme en religion, il se prépare un grand rapprochement, et qu'une grande impulsion hâtera le moment d'une uniformité cosmopolite et universelle. Le genre humain est en route, a dit M. De Pradt ; la presse déchire de plus en plus ce voile redoutable et mystérieux qui couvrait de ténèbres les prétendus secrets de tant de religions ! Elle publie et proclame aux quatre coins de la terre, cette immortelle et ineffable vérité gravée dans le cœur de tout homme, de tout Maç.·. surtout, dans le cœur du sectateur de la Bible, de l'Evangile ou du Coran, vérité sans laquelle même une religion n'est ni concevable, ni possible : Adore le Grand Architecte, aime ton prochain.
L'histoire et l'expérience nous apprennent qu'en Maçon.·., le temps éteint de plus en plus l'esprit de secte, et que partout où elle est professée dans sa simplicité primitive, tous ses emblèmes ne sont autres que ceux de la théosophie ancienne des Egyptiens, des juifs et des premiers chrétiens, qui tous n'admettaient que le Grand Architecte de l'univers, source et principe de cette sagesse qui prescrit de ne manifester, de ne publier nos doctrines, qu'en mettant en œuvre notre raison libre et impartiale, et jamais une force [p.353] brutale, ou une extravagance d'enthousiastes prêchant des révélations. Les Maç.·. savants et éclairés savent du reste que l'emploi de tels moyens tend à détruire toute connaissance de l'ordre immuable de la nature et la liberté naturelle, en tout ce qui concerne les opinions religieuses ou métaphysiques. Les Maç.·. veulent et doivent être convaincus de la vérité des doctrines qu'ils professent.
Le calme succède aux anciens délires : les exemples fameux et reçus des Concordats anglais et américain, et celui de l'union éclectique doivent forcer tous les Rites à vivre en paix les uns à côté des autres. Il y a plus, déjà chaque ancienne réforme de l'institution primitive perd de jour en jour l'importance qu'on y attachait, et la raison humaine, éclairée par la vérité et encouragée par le succès de ses efforts pour l'utilité commune, ne tardera plus à accomplir la grande œuvre d'une réforme universelle dont nous avons parlé, et que la seule force des choses amènera insensiblement, mais nécessairement.